LES MANOIRS ET MAISONS FORTIFIEES DE PENMARC'H

LE PENNITY

Le Pennity est une construction du XVIème siècle. Pennity est une déformation de Penijenn ti (Maison de pénitence) ou de Benniget ti (Maison bénie). Cette maison fortifiée comportait une jolie petite chapelle dédiée au Sacré Coeur. Elle fut presbytère jusqu'en Août 1877, date à laquelle le recteur Guillou et le vicaire Henry déménagèrent pour le nouveau presbytère construit à Leac'h -ar-Sakr, au bourg (actuellement mairie). Réparé avec des pierres provenant des Églises Saint Fiacre et Saint Etienne , le Pennity fut cédé aux soeurs des Filles de la Sagesse1 qui en firent l'école des filles jusqu'en 1903, date à laquelle les religieuses allèrent trouver refuge à l' "Asile St Joseph".
Le Pennity fut presque rasé par la commune en 1960 : Une partie du mur crénelé a néanmoins survécu à la destruction...

Note KBCP :
(1)Les Filles de la Sagesses avaient été appelées en octobre 1871 par le recteur Lazou pour dispenser l'instruction aux petites filles et pour soigner les malades. De 1871 à 1877, elles habitèrent un mauvais logement fourni par M. Charpentier, rue Longès à Kérity.


Au-dessus d'un portail à arcades rondes, s'étend un rempart à mâchicoulis. A côté est une gracieuse chapelle près de laquelle, dans la maison même, est une meurtrière. A l'intérieur de la cour, un escalier de pierre mène au rempart assez large et dont la plate forme pouvait recevoir des canons de petit calibre. Dans la cour, une niche de la vierge renferme deux antiques statuettes représentant une dame et un page en costumes du XVIème siècle, portant des ciboires. La porte de la salle à manger est ornée de sculptures, ainsi que les lambris extérieurs.

Extrait de "Les Bigoudens" de Gabriel Puyg de Ritalongi (Observations de 1894)


La Chapelle sur la droite

Cour intérieure - Les noces de Jean-Julien Lemordant


Les restes du Pennity © JL Guégaden


Le Pennity selon le Recteur Le Coz


PORS LAMBERT

Le Manoir (Ar Porz) date du XVIème siècle. Il était collé à la maison fortifiée du Pennity. D'après de nombreux historiens ce fût une grange dîmière qui servait de lieu de stockage de cet impôt, la dîme : La dîme était collectée par le recteur qui logeait au Pennity presque accolé à Porz Lambert. Dans le document "Revenus ou dixmes affermées par actes notariés du 1er Juillet 1784, on trouve mention de cueillette des dîmes à "Charges du dit bénéfice-cure" du Pennety.
Le manoir est inscrit aux Monuments Historiques le 2 Décembre 1926.


Curieux édifice surmonté d'une mince tourelle et qui était jadis un magasin des dîmes. ../.. On voit une sorte d'allée ou de porche ouvert de chaque côté par une arcade ogivale et qui passe sous l'édifice. C'est par l'une de ces portes qu'entrait la charrette chargée de gerbes. On jetait par une trappe le nombre de gerbes fixé et la charrette ressortait par l'autre porte, faisant place à la charrette suivante. La fenêtre de ce manoir, formée de deux meneaux en croix a été bouchée sauf un carré.

Extrait de "Les Bigoudens" de Gabriel Puyg de Ritalongi (Observations de 1894)


KERBEZEC

Kerbezec (ou Kerbezeg), manoir situé en Kérity, date du XVIème siècle.

En 1905 la famille de Boisguéhenneuc vend sa ferme au paysan qui la louait, Jean Stéphan dit « Yann ». Pierre-Jean Le Pape se marie à la fille de Yann, Joséphine Stéphan.
Au décès de Jean Stéphan, Pierre-Jean en hérite, par sa femme. Pierre-Jean se voit alors affublé du surnom de « Per-Jean Kerbézec ».

Blason de la famille de Boisguéhenneuc


Dans les années 1920-30 beaucoup d'édifices anciens sont classés aux Monuments Historiques (Pors Lambert fut classé en 1926...). Par peur d'un hypothétique classement de son manoir, Per-Jean fait démanteler les murs de l'enceinte. Les pierres qui le constituaient ainsi que les restes de la tour Est seront utilisées au début des années 1950, pour la construction de l'école et de la cale de Kérity (1949-1954).
Afin d'entretenir le manoir, Per-Jean vendit aussi le porche et le puits à la Famille Niclausse qui souhaitait « embellir » leur jardin. On peut voir ce porche et le puits dans le jardin de la villa Rosmeur, rue Scraffic entre Viben et pointe de Pors-Carn. 
Lors de la transformation récente du manoir en résidence locative, la demeure fut affublée (!) d'un nouveau porche commandé en Chine, pâle imitation de l'original.


Dans son rapport à Henri IV, en 1598, René de Rieux, seigneur de Sourdéac, nomme « maison de Kerbézec » ce « Le chasteau de Penmarch ».

« Le chasteau de Penmarch », était une bonne place, « car du costé de la maison elle était couverte d'un gros terrain qui, aux deux bouts, se flanquait par deux bastions qui avaient plus de 70 pieds d'espaule chacun ; par le devant elle était scinte d'une fort bonne muraille, et sur les angles des courtines, deux tours qui flanquaient le portail et qui étaient flanquées d'autre costé de deux bastions dont j`ai parlé. Outre, étaient fossoyés d'un grand fossé tout autour, plein d'eau, lequel au moindre lieu était de 60 pieds d'ouverture ».


La double porte du manoir de Kerbezec © Levy

Avant le démantèlement du mur © ???

Le manoir après vente du porche © ???

Le porche du manoir de Kerbezec © Rivière-Bureau

Dans son ouvrage "Les Bigoudens" (1894), Gabriel Puyg de Ritalongi couche ces observations :

Le manoir de Kerbezec est entouré de ses forts remparts à mâchicoulis. Ici, nous revoyons un porche dîmier dans le genre de celui de Porz Lambert. La porte de la maison d'habitation est fort belle et ornée d'une accolade de Kersanton. Les écussons portent les armes de la famille de Cheffontaines.
Ce manoir, qui fut l'un des plus importants de Kérity, appartint aux familles de Lesongars, de Lanros, de L'Ormais, du BoisGuéhenneuc, etc... On voit dans ses défenses, presque raz de terre, des meutrières et l'emplacement de quelques canons.
Les Seigneurs de Kerbezec, d'après les traditions, étaient si riches qu'ils faisaient tendre des tapis de soie, depuis leur demeure jusqu'à la Fontaine de St Nonna pour les processions du sacre. Les seigneurs de Pénarpont en faisaient autant, de sorte que la procession défilait sur soie, de l'un à l'autre de ces manoirs...


Blason de la famille de Cheffontaines

Kerbézec selon le recteur le coz



Note importante : Les Chroniques du Recteur François-Marie Le Coz ont été écrites pendant la période de son sacerdoce en la paroisse de Penmarc'h, soit entre 1887 et 1911. Ces chroniques ont été réalisées à la plume sergent major sur cahier d'écolier ; les textes suivants sont donc une retranscription des écrits du Recteur, sa mise en page ayant été respectée au plus près.


-----------------------------------------------------------------------------------------------Page 44 ---------------------------------------------------------------------------------------------------------

Kerbezec, au nord-ouest de Kérity, manoir autrefois très riche, puisque les seigneurs pouvaient étendre des tapis de soie depuis leur demeure jusqu'à la fontaine de St Nonna et autour de cette fontaine, à l'époque où on y construisait un reposoir pour la fête du Très Saint Sacrement. Ce manoir était très bien fortifié, entouré de murs crénelés et à mâchicoulis. Il est visible qu'il y a eu cinq ou six canons de petit calibre sur ces murs. Au haut de la tour, il y avait un beffroi destiné à sonner l'alarme à l'approche de l'ennemi ; il servait aussi de poste d'observation. On remarque des armoiries à l'entrée de ce château et à l'entrée de celui de Kersoâz : on y voit l'écusson armoiries de la famille Cheffontaine.



KEROUZY

Kêrouzy (lit. Lieu roux/bronzé) est une maison fortifiée du XVème siècle. Elle fut une des places fortes de Kérity qui résista à la Fontenelle en 1595. Elle fut le casernement des douaniers avant de devenir le presbytère de Kérity.

Aux portes même de la ville (de kérity...) nous avons le manoir de de Penn Ar Pont dont Henri Floc'h était seigneur et l'important château de Kérousi qui devint la citadelle de Kérity. Cette place forte qu'il fallait réduire ou emporter d'assaut avant de pouvoir pénétrer dans la ville, est close par un fort mur crénelé dans lequel s'ouvrent deux portes monumentales. De chaque côté de la maison d'habitation est une large meutrière et il semble que ce fort était protégé au nord par une douve qu'il était facile de combler par les eaux du marais voisin. Cette citadelle subit deux sièges, l'un en 1595 par la Fontenelle et l'autre en 1597 par Sourdéac, gouverneur de Brest.

Extrait de "Penmarc'h, son histoire et ses monuments" de François Quiniou (1925).

Pen ar Pont (Lit. Tête de Pont) est l'une des maisons fortifiées de Kérity. Elle est close par un fort mur crénelé dans lequel s'ouvrent deux portes monumentales. De chaque côté de la porte de l'habitation est une large meurtrière. Les servitudes intérieures sont en ruines et la maison elle-même est appelée à disparaître avant peu. Sur la côté gauche, on peut voir un ancien four dont la gueule est à l'intérieur de la maison. Un lavoir important se trouve du même côté.

Extrait de "Les Bigoudens" de Gabriel Puyg de Ritalongi (Observations de 1894)

A noter que ces deux auteurs, par leurs descriptions, parlent d'un même édifice : Pour Ritalongi, il s'appelle Pen Ar Pont, pour Quiniou il s'appelle Kérousi (ou Kérouzy). Alors que ces deux édifices ont bien existé, l'un étant une place forte (Pen ar Pont) et l'autre, une Maison Fortifiée (Kérouzy).


Maison fortifiée de Kerousy © Dantan
Maison fortifiée de Kerousy ©  Villard


Il existait quantité de manoirs et de maisons fortifiées à Penmarc'h, généralement édifiées pendant les périodes prospères de la pêche et du transport maritime (XV et XVIème siècle).

Manoirs de Kérandraon, de Kerfezec, de Poulamène, de Kerun, de Poulglas, de Kersidan, de Cheffontaines, Porz ar Gosker, etc, etc... dont l'image n'a pu être fixée sur carte postale du fait de leur disparition ou de leur délabrement.