LE VA-ET-VIENT DE SAUVETAGE

Va-et-vient © Le Petit Français Illustré 1895


Le Manuel du Sauvetage Maritime § V : Va-et-vient.

Lorsque la première communication a été établie au moyen de la ligne envoyée soit de terre à bord, soit du bord à terre, les naufragés attendent qu'on leur fasse un signal à terre au moyen d'un pavillon le jour, d'un fanal la nuit; à ce signal ils halent sur la ligne jusqu'à ce qu'ils aient amené à bord une poulie simple à fouet, dans laquelle est passée un cartahu.
Ils amarrent le fouet de cette poulie soit dans la mâture, soit dans les haubans, soit, à défaut, sur une partie résistante du navire, puis ils font un signal. Ils doivent avoir soin de ne démarrer la ligne de dessus la poulie qu'après avoir fouetté solidement cette dernière.
Au signal fait à bord par les naufragés, les sauveteurs amarrent sur le cartahu une aussière qu'ils font parvenir à bord.
Les naufragés prennent l'aussière, en amarrent le bout à un mètre, s'il est possible, au-dessus de la poulie et démarrent le cartahu de dessus l'aussière. Ils font ensuite un signal au rivage.
A ce signal, les sauveteurs envoient à bord une bouée à culotte, dans laquelle les naufragés se placent successivement et un à un. Chaque fois qu'un naufragé est installé dans la bouée, les autres font un signal au rivage pour qu'on le hale à terre.
Dans certains cas, lorsque la côte est plate et sablonneuse, l'aussière devient inutile, et dès que la poulie du cartahu est amarrée à bord du navire, les sauveteurs envoient de suite la bouée à culotte.


INSTRUCTIONS POUR ÉTABLIR UN VA-ET-VIENT AU MOYEN D'UNE LIGNE ENVOYÉE DE TERRE A UN ÉQUIPAGE NAUFRAGÉ

Il est arrivé récemment qu'un navire ayant fait naufrage sur les côtes d'Angleterre, et une ligne ayant été envoyée à bord par les gardes-côtes accourus sur le rivage, l'équipage de ce navire, ignorant l'usage qu'il fallait en faire, est resté toute la nuit sans se servir de cette ligne.
La Société centrale de sauvetage, ayant eu connaissance de cet événement, a fait rédiger les instructions suivantes, dans le but d'indiquer aux naufragés les différentes manoeuvres qu'ils ont à exécuter pour profiter des secours qui leur sont donnés.
Pour pouvoir utiliser ces instructions en cas de naufrage, il est important que, dès le début de la campagne, MM. les capitaines aient soin d'instruire leurs hommes des dispositions qui y sont consignées.


§1

L'établissement d'un va-et-vient, au moyen clés engins établis dans les stations de sauvetage complètement organisées, comprend quatre manoeuvres distinctes et successives :
1° Une ligne attachée à un boulet ou à une fusée est lancée de terre de manière à passer autant que possible entre les deux mâts du navire naufragé (fig. 1).
2° Au moyen de cette ligne, l'équipage naufragé hale un cartahu double sans fin qui y est amarré à terre. Il amarre la poulie de ce cartahu dans la mâture, ou, si la mâture est tombée, dans la partie la plus élevée du navire (fig. 2).
3° Les riverains se servent de ce cartahu pour envoyer à bord le bout d'une aussière, que l'équipage amarre à 50 centimètres au-dessus de la poulie du cartahu (fig. 3).
4° Au moyen de l'aussière roidie à terre et du cartahu sans fin, les riverains font passer à bord une bouée circulaire, garnie d'un sac en toile destiné à recevoir les naufragés un à un et à les porter sur le rivage. Suivant les circonstances, deux personnes peuvent prendre place dans cette bouée (fig. 4 et 5).

 §2


Les précautions indiquées ci-après devront être prises pour assurer l'exécution rapide des manoeuvres:
1 ° Lorsque l'équipage aura saisi la ligne envoyée de terre, il l'indiquera par un signal : si c'est de jour, un homme se séparera des autres et agitera un pavillon, un mouchoir ou son chapeau ; si c'est la nuit, on tirera un coup de canon ou une fusée ; on brûlera une amorce ; à défaut, on agitera pendant un instant un feu au-dessus du bastingage :
A ce signal, les riverains amarreront le cartahu double à la ligne, et feront à leur tour un signal pour indiquer à l'équipage de haler le cartahu à bord. A cet effet, un homme se séparera des autres : de jour, il agitera un petit pavillon rouge ; de nuit, il montrera un fou rouge (à défaut de pavillon rouge ou de fanal rouge, on se servira d'un moyen quelconque de nature à indiquer à l'équipage que l'on est prêt).
'2° A ce signal, l'équipage amènera à bord le cartahu en halant sur la ligne, saisira la pantoire de sa poulie et la frappera solidement à un point résistant de la mâture ou du navire aussi élevé que possible, en ayant-soin de défaire les tours de cartahu s'il y en a. Il démarrera seulement alors la ligne qui a servi à amener le cartahu, afin de ne pas s'exposer à laisser aller ce dernier, et s'assurera que les deux doubles courent bien dans la poulie. Il fera ensuite un signal comme il a été expliqué précédemment.
3° Les riverains haleront alors sur le cartahu, auquel ils auront préalablement amarré l'aussière.
Dès que le bout de l'aussière sera arrivé à bord, l'équipage l'amarrera solidement à 50 centimètres au-dessus du cartahu double et fera un signal.
A ce signal, les riverains raidiront l'aussière sur un chevalet au moyen d'un palan et enverront à bord la bouée va-et-vient. Chaque fois qu'un naufragé se sera placé dans cette bouée, l'équipage fera le signal accoutumé, auquel les riverains manoeuvreront le cartahu pour amener le naufragé à terre.
Cette dernière opération sera répétée jusqu'à ce qu'il ne reste plus personne à bord.


§3


Il y a des cas où les circonstances obligeront à s'écarter des règles ci-dessus :
1° Lorsque le navire naufragé éprouve des mouvements violents, les riverains devront tenir l'aussière à la main au lieu de la roidir sur le chevalet et à coups de palans, en la filant et en l'embraquant à la demande. Ils risqueront moins de la voir se rompre, et le naufragé sera moins violemment secoué.
2° L'établissement du Va-et-Vient avec l'aussière exige un temps assez long. Lorsque le navire est exposé à un danger imminent et se démolit rapidement en talonnant sur les rochers, on ne se sert pas de l'aussière ; les riverains envoient la bouée va-et-vient au moyen du cartahu sans fin, dont on passe un double dans la cosse de la bouée, après avoir enlevé la poulie courante, tandis que l'autre double est élingué tout autour de la couronne de la-dite bouée (fig. 6). De la sorte, le Va-et-Vient  est-établi dans l'eau et les naufragés sont amenés flottants.
3° On agit de la même manière lorsque, la côte étant plate ou le navire démâté, l'aussière ne pourrait assurer l'établissement du va-et-vient hors de l'eau. Son emploi devient alors superflu.

Partout où les stations de porte-amarres ne sont pas établies, les équipages naufragés devront se guider suivant les circonstances, pour comprendre et utiliser de leur mieux les dispositions qui seront prises par les riverains. Dans ce cas, la présente instruction ne sera pas inutile pour leur indiquer certaines précautions de nature à rendre l'opération plus facile et plus active. 


Bouée culotte © http://gma33.unblog.fr


Instruction de la SNSM


Pour amener le naufragé, le sauveteur A hâle pendant que le sauveteur B choque.
Une fois le naufragé à terre, le sauveteur B hâle pendant que le sauveteur A choque, afin de renvoyer la bouée-culotte au navire.

Remarques : C'est le jeune qui remonte les naufragés !!! Et pas de cellule psychologique prévue pour les naufragés : Seulement une bonne soupe et des vêtements chauds... Gast ! Z'étaient pas des flakennoù1 à l'époque !

(1) Mauviettes