LE PHARE D'ECKMUHL (suite) - LA CONTRUCTION DU PHARE

DESCRIPTIF GENERAL DU PHARE

Le nouveau phare a été construit à 100 mètres à l'est de l'ancien phare.
Il se compose d'une tour octogonale en maçonnerie surmontée d'une lanterne, d'un bâtiment réservé aux machines et de logements réservés aux gardiens bâtis sur un terrain d'un demi hectare entouré d'un mur de protection.
Cette maçonnerie est réalisée entièrement en granit de Kersanton. Les parements intérieurs sont réalisés en matériaux durables résistant aux injures du climat et du temps.
La hauteur totale du phare est de 63 mètres par rapport au sol et de plus de 64 mètres au dessus du niveau des plus hautes marées d'équinoxe. Il peut être aperçu à plus de 30 kilomètres par temps clair et à plus de 100 kilomètres par nuit claire.
Cette portée nocturne de 100 km est atteinte grâce à un système de feu éclair électrique à focalisation par lentille de Fresnel, d'une puissance de 30 millions de bougies. Ce feu est complété par un signal sonore, corne de brume à air comprimé utilisée par temps de brume. Sa puissance est évaluée à 160 chevaux vapeurs (environ 120 kW).
Des plaques commémoratives sont scellées au rez-de-chaussée, dans le vestibule d'entrée. Une statue du Maréchal Davout (réduction de celle érigée à Auxerre) trône dans le salle d'honneur du campanile située sous la lanterne.


Fig 1.Vue du nouvel édifice et de la tour de l'ancien phare


Fig 2. Vue d'ensemble du nouvel édifice et ses abords

Fig 3. Plan de situation des installations et des dépendances


CONSTRUCTION

Les transports des matériaux à pied d'oeuvre n'ont pas présenté de difficulté. La pierre de taille était amenée par de petits bateaux borneurs, qui étaient déchargés à Kérity, sous une grue en bois aménagée à cet effet. L'insuffisance de profondeur du petit port a seule entraîné quelques retards.



L'exécution des travaux du soubassement et du socle du fût a été facile. Un échafaudage avait été élevé autour de la construction et permettait d'accéder commodément en chaque point du chantier. Le montage des blocs était fait à bras dans une sapine disposée sur la face sud.

Pour le fût et la corniche, on a recours à l'installation suivante : Une sapine de 6m de hauteur était posée sur des traverses appuyées sur la maçonnerie du cylindre intérieur. Les matériaux étaient montés par l'intérieur de la tour ; la chaîne de levage passait à la partie supérieure de cette sapine sur une poulie de renvoi d'où elle descendait, le long de l'escalier, à un treuil à noix actionné par une petite locomobile établie à pied d'oeuvre sur la face nord.

Materiaux


Le bardage, sur le chantier de pose, était fait sur des madriers , et un petit échafaudage extérieur permettait de régler la pose. Le croquis ci-contre montre la disposition de cet échafaudage mobile et léger, qui a paru simple et pratique. Il était formé uniquement d'un plancher posé sur huit chevalets (deux par face) accrochés au parement de la tour, et serrés contre elle par un filin à ridoirs. Une entaille de 6mm de hauteur était faite à la pierre d'appui. L'échafaudage était décroché et relevé en moins d'une heure tous les 2m. La sapine intérieure devait être démontée tous les 5m.

L'exécution des maçonneries n'a donné lieu à aucun accident, malgré les difficultés qu'ont données le montage et le bardage des pierres de corniche, pour quelques-unes desquelles la section libre dans l'échafaudage était à peine suffisante. Les ragréements et rejointoiements ont été faits sur une passerelle à palan, identique à celles employées pour le nettoyage des maisons.


Photo montage

Photo montage

Photo montage


© L'Union Agricole et Maritime

Photo montage

Photo montage


Fin de construction du phare


Le montage de toutes les pièces de la lanterne et de l'appareil a été fait par l'extérieur au moyen d'une chèvre matée sur la plate-forme supérieure.


LA MACONNERIE EXTERIEURE

La hauteur totale de la tour, du sol de l'entrée à la girouette du paratonnerre est de 66,23m ainsi répartie :

Base carrée                             1.00m (1)
Soubassement carré               9.43m (2)
Socle carré du fût                    2.86m (3)
Corps octogonal du fût          32.63m (4)
Corniche  carrée du fût            6.81m (5)
Campanile  octogonal             4.00m (6)
Lanterne   cylindrique              9.50m (7)

Tous les parements ont ont été exécutés en pierre de taille de Kersanton à grain fin de couleur bleue foncée, aussi uniforme que possible.

La base carrée mesure 14,20m de côté. Elle est faite de gros blocs de pierre de taille de 1m de hauteur qui forment au-dessous du sous-bassement, un large empattement de 1 m de saillie.

Le soubassement est un tronc de pyramide quadrangulaire de 9,43m de hauteur et de 12,20m de côté à la base. Sa partie inférieure forme une puissante moulure de 2,54m de hauteur. Au dessus règnent neuf assises de refends et bossages que surmonte une corniche. La figure 2 représente le profil et les dimensions de ces trois parties et l'appareillage adopté pour la façade principale (est) sur laquelle se trouve la porte d'entrée de l'édifice. En raison de la situation exposée de l'établissement, il avait paru prudent de ne pas donner à la baie de cette porte plus de 1,50m de largeur et de 3m de hauteur. Elle a été surmontée d'une imposte en plein cintre ; et deux câdres successifs, obtenus par des redans ménagés dans la maçonnerie, ont été disposés autour d'elle. De la sorte les dimensions de la porte sur le plan moyen du parement ont pu être proportionnées à celle de la grande façade de 12x10m sur laquelle elle se détache. Les voussoirs ont été étudiés de façon à éviter l'emploi de pierres « à crossettes », d'une exécution plus difficile et d'un aspect moins simple. Et la clef a été faite d'une belle pierre de 1,30m de hauteur qui rehausse l'ensemble.
Les cintres des voûtes successives sont d'ailleurs, suivant l'habitude, surélevées de quelques centimètres (10cm pour la voûte extérieure bossagée), sur la ligne des naissances marquée par la menuiserie de la porte.
Une fenêtre, également en plein cintre, est percée au milieu de chacune des trois autres façades du soubassement.
Les bossages ont été obtenus à coup de lourds têtus ; le travail à la pointe a été proscrit de façon à conserver à l'appareil l'apparence fruste et robuste qui lui convenait. La saillie moyenne des bossages sur le fond des refends est de
15 à 17cm.
Deux assises de grand appareil seulement constituent la corniche du soubassement ; la première est composée de de consoles entre lesquelles règne un cours de modillons. La seconde forme un entablement de 84cm de saillie sur le parement de l'architrave.

Le fût se compose des trois parties indiquées plus haut : Le socle, le corps du fût et la corniche, d'une hauteur totale de 42,30m.

Le socle carré est une grande moulure à profils simples sur laquelle le corps du fût repose par une section carrée de 8,50m de côté.

Le corps octogonal du fût débute a partir de ce niveau. Le fruit des parements est réglé à 33mm jusqu'à l'entablement de la corniche. Pour donner à cette massive colonne l'élancement désirable, de larges pans coupés ont été pratiqués à chaque angle, de sorte que la section de l'ouvrage est octogonale sur la plus grande partie de sa hauteur. Le passage de la section carrée à la section octogonale est dissimulé par quatre pyramides triangulaires de 3,76m de hauteur formant contrefort à la base des quatre pans coupés. Le retour à la section carrée, à la partie supérieure, est réalisé par quatre assises de gros corbelets.
Sur la hauteur du fût sont ménagées onze fenêtres (six sur la face est, cinq sur la face ouest), de 60cm de largeur et 1,50m de hauteur.
Les formes de la corniche du fût sont simples. Son élévation aurait rendu peu visible une décoration un peu fine.
La disposition adoptée est analogue à celle de la tour du vieux palais de Florence. Vingt consoles en saillie sur le parement du fût soutiennent par un nombre égal de voûtelles (cinq sur chaque face) l'entablement supérieur que couronne une balustrade de pierre. Les seize consoles intermédiaires ont 1,40m de hauteur ; celles des quatre angles ont 2,30m et donnent un puissant relief à l'ensemble, que l'ajourage de la balustrade élargit convenablement.
Toute la corniche est en pierre de taille de grand appareil. L'opportunité de donner à la plate-forme supérieure des dimensions permettant l'installation de la cabane de la sirène, et à l'entablement un relief appréciable à grande distance, a conduit à y employer des pierres de très grandes dimensions. Les pierres d'angles des voûtelles, notamment ; ont 0,95m de hauteur, et une section carrée, au lit de pose, de 1,55m de côté. Leur montage, leur bardage et leur pose n'ont pas été sans difficultés. Par mesure de prudence, les blocs de l'entablement ont été reliés les uns aux autres par des goujons en fer. La figure 2 donne le profil de cette corniche dont la saillie totale sur le parement du fût prolongé est de 1,30m.

Le campanile est une tourelle octogonale percée de huit ouvertures et traitée dans la manière sobre de tout le reste de la construction.

La lanterne métallique, supportée par le campanile, est tout en bronze et mesure 9,50m de hauteur au-dessus de la dernière corniche de pierre. La coupole est une ogive à la naissance de laquelle règne un chéneau orné de gargouilles en gueules de lion et de palmes formant une sorte de diadème autour d'elle. Elle est surmontée d'un piédouche terminé par une boule métallique de 1m de diamètre ; le pied du paratonnerre est fixé au sommet de cette boule.


LA MACONNERIE INTÉRIEURE

La porte d'entrée donne accès à une galerie en pierre de taille voûtée en berceau avec voussoirs en caissons, qui conduit au centre de la tour.

Le vide intérieur de l'édifice a la forme d'un cylindre circulaire vertical de 3,80m de diamètre et de 51,60m de hauteur, décrit autour de ce centre.

L'escalier du phare se développe en vis à jour sur les parois de ce cylindre. Il se compose de 272 marches de Kersanton, de 18cm de hauteur et de 80cm de largeur encastrées de 24cm dans la muraille. Le pas de l'hélice comprend 36 marches. Elle tourne de droite à gauche (sens inverse des aiguilles d'une montre). Cet escalier conduit à un palier en balcon intérieur composé de larges dalles de pierres de taille de 1,20m de portée, soutenues par des consoles moulurées. Il sert de lieu de repos au pied de l'escalier de fonte de 13 marches qui mène au campanile. Les embrasures des fenêtres sont parementées en pierres de taille etdébouchent dans le cylindre intérieur par un bandeau mouluré de même nature. Elles forment palier de repos au cours de l'ascension. Les voûtes de ces embrasures sont des conoïdes raccordant la plate-bande des linteaux extérieurs avec l'arc que dessine le bandeau de sortie. L'exécution de voûtes plates dans ces embrasures aurait donné, à la sortie dans le cylindre central, des courbes elliptiques convexes vers l'observateur et d'un mauvais effet.

Les parements des paliers inférieurs et supérieurs de l'escalier sont en pierre de taille. Entre les deux paliers les parois sont revêtues de plaques d'opaline laminées et cintrées.

L'opaline laminée et cintrée est un produit vitrifié inaltérable, qui a paru convenir parfaitement au revêtement que l'on avait en vue. Les enduits au ciment, peints, exposés à l'humidité de l'air salin, exigent un entretien fréquent et, partant, assez coûteux dans un cylindre de grande dimension. Ils perdent rapidement leur bon aspect et se salissent facilement jusqu'à hauteur d'homme. Le revêtement d'opaline n'a pas ces inconvénients ; il est brillant, d'une teinte azurée agréable à l'oeil et favorable à la diffusion de la lumière dans le cylindre intérieur. Il s'entretient par un simple nettoyage.
L'escalier en colimaçon

Les recherches avaient porté d'abord sur la porcelaine dont on a fait des revêtements satisfaisants à la gare Médicis (réseau d'Orléans) ; mais le produit n'a pu être obtenu cintré sans flache au-dessus de 12cm de hauteur. Un revêtement entièrement en pierre de taille eût été sombre et froid. La pierre polie aurait fait bel effet, mais la dépense en aurait été fort élevée ; les propositions relativement économiques qui ont été faites montaient à 80 francs le mètre carré en Kersanton avec 30cm d'épaisseur ; le revêtement en opaline a coûté, malgré des frais de transport élevés, 51 francs le mètre carré, rejointoiement compris.

L'exécution du revêtement intérieur, en opaline, a été surveillée avec tout le soin qu'exigeait l'échantillonnage en couleur et en courbure des divers éléments. Les plaques d'opaline sont appareillées à joint verticaux en découpes régulières. Les assises ont, comme les marches, 18cm de hauteur, et la longueur des éléments est de 46cm. Sous ces dimensions, l'opaline peut être laminée avec une précision suffisante pour un revêtement destiné à être vu de très près. Le bombage n'a pas été cependant sans nécessiter d'assez sérieuses retouches. La découpe des joints obligeait, en effet, à faire le choix des plaques d'après les six angles des plaques voisines, entre lesquelles elle devait être posée. Et elle ne pouvait sans inconvénient tolérer entre deux points voisins des différences de courbure de plus de 1mm. Le classement en couleur était fait par dix nuances, de façon à passer insensiblement du ton le plus clair au ton le plus foncé que les exigences de la fabrication avaient fait accepter.


Quelques nuances d'opaline


Une demi-heure environ avant leur pose sur un enduit de mortier de ciment à 500kg, le verso des plaques était soigneusement nettoyé et badigeonné au lait de ciment. L'adhérence ainsi obtenue a été très supérieure à celle que réalisait le chagrinage du verre ou l'encastrement dans la masse, au moment du bombage, de petits grains d'oxyde de fer.
On a donné aux joints de ce revêtement de 5 à 8mm de largeur. Sa pose a été faite sans difficulté sur un échafaudage en plate-forme circulaire, attaché à une chaîne dans l'axe de la cage. On le déplaçait en virant la chaîne.
Des panneaux amovibles de plaques d'opaline montées sur une armature en bronze, permettent la visite des joints de la conduite d'air comprimé et des câbles électriques, qui sont renfermés dans une rainure ménagée derrière le revêtement.

Le dallage du vestibule dessine une étoile en dalles de l'Aber qui se détache sur un fond en pierre de Kersanton.

Les fondations et le massif intérieur ont été exécutés en maçonnerie de granit du pays.

Les dosages et la composition des mortiers employés sont les suivants :

Du fond de la fondation aux corbelets de la partie supérieure du fût : 375kg de chaux hydraulique pour 1m3 de sable.
Des corbelets du fût à l'entablement de la corniche :
400kg de ciment pour 1m3 de sable.
Dans l'entablement du fût et le campanile :
1000kg de ciment pour 1m3 de sable.

La substitution du ciment à la chaux a paru avantageuse dans la partie supérieure des maçonneries qui est soumise à des efforts d'extension, et le dernier dosage a été employé dans les parties où l'épaisseur de maçonnerie est très faible.
Les rejoitoiements ont été faits en ciment de Portland.

Cette première partie de notice a été écrite par M. l'Ingénieur des Ponts & Chaussées Duperrier vers le 26 juin 1895. Les travaux ont été engagés immédiatement après l'adjudication (22 juillet 1893) faite moyennant un rabais de 1% à Monsieur Vabre de Paris.


NOTICES SUR LA MARCHE DES TRAVAUX

CAMPAGNE 1893 :

Elle a duré quatre mois environ. Dès que les approvisionnements de chaux (le délai nécessaire au contrôle et au transport est de 23 jours environ), de moëllons et de sable ont été suffisants, la construction de la clôture et du logement des gardiens situés au sud, ont été commencés le 18 septembre 1893. En même temps, la fouille de la tour était poussée jusqu'au rocher et les premières assises de la fondation sont posées le 9 novembre 1893. La couche de mortier est recouverte de bitume pour empêcher les remontées d'humidité dans les murs du phare.
Cette fondation est entièrement terminée à la fin de la campagne (fin de l'année 1893).

CAMPAGNE 1894 :

Elle a duré huit mois, de Mars à Octobre. De Janvier à Mars, le mauvais temps n'a permis que de faire des approvisionnements et quelques travaux intérieurs dans les logements.
Sur la tour, les travaux ont été repris le 12 Mars et la pose de la maçonnerie de pierres de taille a commencé le 7 mai.

Contrarié au début par les difficultés rencontrées pour le transport des blocs de la carrière au chantier (Dimension des pierres, avaries en mer, insuffisance de profondeur du port de Kérity et par le refus d'une fourniture de chaux inacceptable), le travail avançait convenablement en Juin et Juillet, malgré des suggestions exceptionnelles (Moulurage du parement sur 2.50m de hauteur, pose des embrasures de fenêtre et de la galerie intérieure d'entrée, etc...).
Les résultats obtenus pendant les mois d'Août et Septembre ont été médiocres, faute d'approvisionnement en pierres de taille.
De ce moment datent les premiers tiraillements avec le représentant de l'entreprise
Mais le mois d'Octobre, favorisé par la température, a permis de regagner une partie du temps perdu.
Au premier novembre, la construction était arasée au-dessus de la première assise d'architrave, à 12.20m au dessus du sol.
Le massif mesurait environ :

  • 1060 m3 de maçonnerie ordinaire ;
  • 30 m3 de maçonnerie de pierres de taille ;
  • 550 m3 de parement.

Le logement seul était terminé ; la fondation du logement nord et le bâtiment des machines sortis de terre.
Les travaux ont été abandonnés pendant les mois de Novembre et Décembre, le vent et la pluie ne permettant pas un travail continu.

CAMPAGNE 1895 :

A commença seulement en Avril, un incident grave avec l'entreprise m'ayant amené à demander le renvoi du représentant de l'entrepreneur (Falsification d'écriture reconnue).
Le travail du mois d'Avril en a un peu souffert, mais celui du mois de Mai a été très satisfaisant malgré les difficultés que présentaient la pose de la corniche (la saillie de l'entablement sur le parement général est de 0.82m et les pierres d'angle pèsent environ 3200 kg).

Le travail a été plus lent en Juin, l'influence du vent est déjà plus sensible et l'installation d'un échafaudage intérieur a fait perdre quelques journées ; il y a lieu de penser cependant que la construction sera arasée le premier Juillet au niveau supérieur de la 5ème assise du petit appareil du fût (Base des contreforts pyramidaux)
Il reste encore 5 mois de travail jusqu'à la fin de Novembre. En évaluant à 20 par mois le nombre des journées de travail effectif (Dimanches, sujétion de vent et de pluie), nous estimons qu'on pourra atteindre en fin de campagne, à 19 mètres environ au dessus du niveau actuel, soit à 34 mètres au-dessus du sol.
Pendant les périodes où le travail est impossible sur le chantier de la tour, l'équipe d'ouvriers est utilisée au parachèvement du logement Nord.
Les études des massifs de fondations des machines qui se terminent, permettent d'élever également ces massifs en 1895.
Nous pensons que l'ouvrage pourra être entièrement terminé au cours de la campagne 1996.
L'édifice sera selon toutes probabilités, élevé à la hauteur prévue vers la fin de Septembre 1896, mais les aménagements intérieurs pourrons être commençés au printemps.
Si ces précisions se réalisent, le phare pourra être allumé pendant l'hiver 1896/1897 ; le parachèvement de la décoration intérieure étant poursuivie au besoin pendant les premiers mois de l'année1897.

M. l'Ingénieur des Ponts & Chaussées Duperrier ne se doutait pas que les travaux prendraient un an de retard...

CAMPAGNES 1896 et 1897 : Documents en cours de recherches...

Heureusement, nous pouvons trouver quelques événements dans la presse :


Journal l'union agricole et maritime, article du 3 février 1897

Penmarc'h. — De notre correspondant le 31 janvier : Les travaux sur le phare d'Eckmühl sont suspendus à cause du mauvais temps.


Journal l'union agricole et maritime, article du 15 Août 1897

Penmarc'h. — On nous écrit le 14 : Hier, dans la journée, M. Rolland, maître couvreur à Quimper, rue Ste-Thérèse, était occupé à rejointoyer le phare d'Eckmühl. Il avait avec lui une équipe de six ouvriers. Soudain, un maillon d'une chaîne s'étant cassé, l'échafaudage se désagrégea et ces malheureux tombèrent d'une hauteur de douze mètres tout debout ; l'un d'eux, qui était plus bas reçut l'avalanche sur le dos. Comme on le pense bien, après une chute pareille, le patron et les ouvriers sont dans un piteux état, toutefois, il semble jusqu'à présent que leurs jours ne sont plus en danger. M. Rolland qui ressent de vives douleurs aux jambes et aux reins et qui a de fortes contusions à la tête, a été ramené en voiture, la nuit dernière, à son domicile. Quant aux ouvriers, ils arriveront sans doute aujourd'hui. Le matériel qui constituait l'échafaudage était en bon état, on ne peut donc attribuer cet accident à une imprudence, c'est de la malchance, voilà tout.

 

Journal l'union agricole et maritime, article du 17 octobre 1897

Quimper. — A propos du phare d'Eckmühl. — On se souvient de l'accident survenu le 13 août dernier, à M. Rolland, maître couvreur, et à six de ses ouvriers, qui travaillaient au lavage et au rejointoiement de la tour du phare. La chaîne qui maintenait l'échafaudage se rompit tout à coup et tous furent précipités sur le sol, d'une hauteur de 8 mètres. C'est par miracle qu'aucun d'eux ne fût tué ; cependant, tous furent relevés dans le plus piteux état. Fort heureusement, ils sont actuellement rétablis, à l'exception toutefois de l'un d'eux qui a perdu un œil, et il ne leur reste plus que la mauvaise impression d'un terrible accident qui a failli leur coûter la vie. Mais, en ce moment, la Justice cherche à dégager les responsabilités dans cette affaire et ce n'est point chose facile, parait-il, car chacun se dérobe pour charger son voisin. Précisons : Tout vient de la rupture d'un maillon de la chaîne ; c'est entendu, et cette chaîne, qui était presque neuve, avait déjà servi à d'autres échafaudages, si bien qu'on était loin de s'attendre à cette rupture. Ce serait donc le hasard, et un hasard bien malheureux, qui aurait joué le plus grand rôle dans cette affaire. On sait déjà que c'est M. Vabre, entrepreneur à Paris, qui était chargé de la construction. M. Lasnier, son représentant sur les lieux, avait traité avec M. Rolland pour le lavage et le rejointoiement du phare et il avait été formellement stipulé que l'échafaudage et toutes les fournitures seraient à la charge de l'entrepreneur. Or, M. Lasnier prétend que M. Rolland, ainsi qu'il en avait été convenu, a fourni ses explications pour l'installation de l'échafaudage à laquelle ils assistaient tous les deux. M. Rolland conteste absolument ce détail, étant donné, d'après lui, qu'on devait lui fournir un échafaudage et un échafaudage convenable, qui lui permit de faire son travail sans accident. D'un autre coté, M. Maingan,qui, en qualité de contre-maître maçon, avait été chargé tout d'abord de cette installation et qui ne voulait pas se servir de la chaîne de peur qu'elle ne se rouillât et salît la pierre, voyant M. Lasnier se mêler de l'échafaudage, ne s'en occupa plus. Où est le vrai dans tout ceci ? Cependant il semble apparaître que M. Rolland doit sortir indemne de cette affaire. Mais ce qu'il y a d'intéressant à signaler, c'est que les malheureux ouvriers, victimes de cet accident, restent, c'est le cas de le dire, le bec dans l'eau, la Compagnie d'assurances refusant de s'exécuter, sous prétexte que ces pauvres diables faisaient là un travail qui ne rentre pas dans leurs attributions.