Jean-Baptiste Ogée

Jean-Baptiste Ogée (°1728 Chaourse, +1789 à Nantes). Ancien militaire, il entre comme Ingénieur-géographe au Service des ponts et chaussées de Nantes en 1748. Son travail consiste à dresser l' "Atlas itinéraire de la Bretagne".

Il rédige le Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne en quatre volumes (1778 à 1780). Quelques lignes du 3ème volume (1779) sont consacrées à Penmarch.

Une nouvelle édition, revue et augmentée par A. Marteville et P. Varin parait en 1843.


Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne Tome 2  


Extrait sur Penmarch, page 75 et 76 du Tome 2.

Douarnenez ; --/--
Fontenelle, en sûreté dans son fort, exerça pendant trois ans, tant sur mer que sur terre, tous les brigandages dont il était capable. Le premier endroit qu'il ravagea fut Penmark. Les habitants du lieu formaient une petite république qui se souciait peu du secours de ses voisins. Jusque-là, elle avait repoussé tous ceux qui avaient osé l'attaquer. Fontenelle, plus heureux que les autres, la surprit, fit les habitants prisonniers, et les emmena avec tous leurs effets, par le moyen de deux-cent quatre-vingt barques plus ou moins grandes qu'il fit conduire à son île, et desquelles il se servit avec succès, dans la suite, contre un vaisseau anglais, qu'il prit et coula à fond avec tout son équipage, après en avoir enlevé toutes les marchandises qu'il contenait. --/--De Sourdéac, gouverneur de Brest, ne pouvant plus souffrir plus long-temps les fureurs de ce même Fontenelle, entreprit à son tour de le chasser de son île. Il prit pour cet effet des troupes, et se rendit, accompagné du baron de Molac, de Kergomar et de La Tremblay, au château de Keroussi, que Fontenelle avait enlevé aux habitants de la paroisse de Penmark. Cette place était gardée par une forte garnison, qui demanda à capituler dès qu'elle se vit assiéger avec du canon. De Sourdéac ne voulut rien leur accorder, prit la place d'assaut, passa une partie de la garnison au fil de l'épée, et fit pendre le reste.
--/--


Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne Tome 3


Extrait sur Penmarch, pages 338/339 du tome 3 :

Penmarc'h ; port de mer ; à 5 lieues & demi au Sud-Ouest de Quimper, son Évéché son ressort ; à 43 lieues de Rennes ; & à 2 lieues de Pont l'Abbé, sa subdélégation. On y compte 1.000 communiants : la Cure est à l'Ordinaire.
En 1400, Demoislle Claude du Juch étoit Dame de Padanroux, de Pozmellec, de Ker-uquel, de Ker-riant, de Coëtgolan & de Ker-valgan, maisons situées dans ce territoire, où l'on voyoit encore les manoirs de Coëtcanton, de Pratauron, de Ker-aulan, & de Ker-caradec. Le territoire de Penmarc'h est plein de démolitions. Les pierres, qui sont entassées çà & là les unes sur les autres, suffiroient pour bâtir une ville : on ne scait de quels édifices elles proviennent. Avant l'établissement de la pêche de la morue au banc de Terre-Neuve, on pêchoit sur la côte, près Penmarch, beaucoup de merlus qu'on saloit, & qui servoient de poisson de carême comme la morue.


Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne
Nouvelle Édition par marteville et varin


Extrait sur Penmarch, page 257 du Tome I.

Douarnenez ; --/--
Fontenelle, en sûreté dans son fort, exerça pendant trois ans, tant sur mer que sur terre, tous les brigandages dont il était capable. Le premier endroit qu'il ravagea fut Penmark. Les habitants du lieu formaient une petite république qui se souciait peu du secours de ses voisins. Jusque-là, elle avait repoussé tous ceux qui avaient osé l'attaquer. Fontenelle, plus heureux que les autres, la surprit, fit les habitants prisonniers, et les emmena avec tous leurs effets, par le moyen de deux-cent quatre-vingt barques plus ou moins grandes qu'il fit conduire à son île, et desquelles il se servit avec succès, dans la suite, contre un vaisseau anglais, qu'il prit et coula à fond avec tout son équipage, après en avoir enlevé toutes les marchandises qu'il contenait. --/--

De Sourdéac, gouverneur de Brest, ne pouvant plus souffrir plus long-temps les fureurs de ce même Fontenelle, entreprit à son tour de le chasser de son île. Il prit pour cet effet des troupes, et se rendit, accompagné du baron de Molac, de Kergomar et de La Tremblay, au château de Keroussi, que Fontenelle avait enlevé aux habitants de la paroisse de Penmark. Cette place était gardée par une forte garnison, qui demanda à capituler dès qu'elle se vit assiéger avec du canon. De Sourdéac ne voulut rien leur accorder, prit la place d'assaut, passa une partie de la garnison au fil de l'épée, et fit pendre le reste. --/--



Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne
Nouvelle Édition par marteville et varin


Extrait sur Penmarch, pages 266/267 du Tome II.

Penmarc'h ; port de mer ; à 5 lieues 1/2 au Sud-Ouest de Quimper, son évêché et son ressort ; à 43 lieues de Rennes ; et à 2 lieues de Pont l'Abbé, sa subdélégation. On y compte 1.000 communiants : la cure est à l'Ordinaire.
En 1400, Demoislle Claude du Juch étoit Dame de Padanroux [Pratanroux], de Pozmellec, de Keruquel, de Keriant, de Coëtgolan et de Kervalgan, maisons situées dans ce territoire, où l'on voyait encore les manoirs de Coëtcanton, de Pratauron, de Keraulan, et de Kercaradec. Le territoire de Penmarc'h est plein de démolitions. Les pierres, qui sont entassées çà et là les unes sur les autres, suffiraient pour bâtir une ville : on ne sait de quels édifices elles proviennent. Avant l'établissement de la pêche de la morue au banc de Terre-Neuve, on pêchait sur la côte, près Penmarch, beaucoup de merlus [merluche] qu'on salait, & qui servaient de poisson de carême comme la morue.

Penmarc'h (sous l'invocation de Saint Nonna ou Nonnan) ; commune formée de l'anc. par. de ce nom ; aujourd'hui succursale.—Lim. : N. Plomeur, la baie d'Audierne ; E. Plomeur ; S. et O. l'Océan.— Princip. vill. : Kerouil, Saint-Guénolé, Kérity, Kervégal, Kergardien, Poulguen, Keradennec.— Maisons remarquables : manoirs de Gouesmac'h. — Superf. tot. 1638 hect., dont les princip. divis. sont : ter. lab.663 ; prés et pat. 405 ; marais 103 ; landes et incultes 401 ; sup. des prop. bat. 12 ; cont. non imp. 52. Const. div. 304 ; moulins 5 (de Saint-Guénolé, de Kerneil , de la Madelaine, du Poulguen, à vent ; de Keréon, à eau).  Penmarc'h, qui signifie en breton tête de cheval, était jadis une pêcherie florissante qui relevait au spirituel d'une paroisse qu'on retrouve indiquée dans les anciens titres sous le nom de Tréoultré. Cette pêcherie appartenait aux ducs de Bretagne, et avait un petit port bien abrité par les roches qui en cet endroit hérissent la côte. En 1404 , une armée navale anglaise sortie de Plymouth, et sous les ordres de l'amiral Wilford, détruisit et saccagea cette industrieuse localité, en même temps que la petite ville du Conquet. Penmarc'h se fût peut-être relevé de cet échec, si, pendant la Ligue, le trop fameux La Fontenelle ne l'avait dévasté et pillé à plusieurs reprises. Son port s'ensabla, et bientôt il fallut l'abandonner. Le commerce, qui avait fleuri en cet endroit, se transporta à Douarnenez, sur les terres même du brigand qui avait détruit Penmarc'h, et redevint plus actif que jamais.—Penmarc'h n'offre plus aujourd'hui que des ruines au milieu desquelles il serait difficile de retrouver la rue des Argentiers, la rue des Merciers, qui autrefois étaient le centre de cette population industrieuse. Ça et là cependant, on voit encore quelques vieilles maisons, reconnaissables à leurs mâchicoulis et à leurs portes armoriées. — L'église paroissiale est aussi restée debout, et son style atteste qu'elle n'a été bâtie, pour ainsi dire, que pour être témoin de la ruine de cette brillante localité. On y voit une statue de saint Jean, en albâtre, statue qui jadis était à Kérity. On trouve encore, dit Souvestre, dans l'église de Penmarc'h, une trace de l'ancienne splendeur de ce lieu : c'est un tableau représentant une procession de cardinaux. La tradition du chapitre de Quimper est que cette procession eut effectivement lieu à Penmarc'h, et que le tableau qu'on y voit fut fait pour en conserver le souvenir. On voit dans le fond de cette peinture l'église de Penmarc'h qui est fort reconnaissable. On ignore à quelle époque cette procession eût lieu ; mais les personnages du tableau portent le costume de Louis XIII. » Cette église, remarquable par ses sculptures, où, au lieu d'armes seigneuriales, se rencontrent à chaque pas de petits navires attestant son origine industrielle, n'était pas la seule qui servit au culte catholique ; Kérity, Saint-Pierre, Notre-Dame-de-la-Joie, Saint Fiacre, Saint Guénolé étaient plutôt des églises que de simples chapelles : Cette dernière surtout, qui n'a jamais été achevée, eut été un remarquable fragment d'architecture gothique, à en juger du moins par ses débris. Kérity appartenait, dit-on, aux Templiers ; son église est d'un goût parfait, et de la bonne époque du XIII° siècle. — Nulle partie de la côte de Bretagne ne présente un aspect plus beau et plus sauvage que la côte de Penmarc'h. D'énormes rochers, incessamment minés par le flot, exposés à toute la fureur des vents d'ouest et de sud-ouest, forment à cette terre une effrayante ceinture de récifs au milieu desquels se fait remarquer la fameuse Torche de Penmarc'h. On donne ce nom à un rocher creux, séparé de la terre par un espace dit le Saut du Moine. La mer, en se précipitant sur cette masse, qui la divise et se couvre d'écume, produit un bruit sourd, dont la terre semble ébranlée.Ce hurlement de la mer, quoique effrayant à entendre de près, est cependant plus saisissant peut être quand on le perçoit de loin. Parfois, en errant dans les campagnes des environs de Quimper, on entend une sourde détonation, semblable au bruit lointain du canon. L'on interroge les paysans, et ils vous répondent en se signant : » C'est la Torche de Penmarc'h ; elle prédit des orages. En effet, c'est surtout lorsque le vent d'ouest et de sud-ouest souffle que la torche est plus bruyante, et ces vents sont terribles pour tout ce qui approche de cette côte. — On dit que ce fut une tempête soulevée par ce vent qui détruisit en un jour toutes les pêcheries et toutes les barques de Penmarc'h, et en chassa pour toujours un banc de morue qui faisait sa fortune. Il est à croire plutôt que la perte de l'industrie de la merluche et la découverte de Terre-Neuve, aidées des ravages de La Fontenelle, ont porté à Penmarc'h un coup plus terrible que le vent d'ouest. — Rien ne peut peindre l'aspect désolé et mourant qu'offre ce lieu. Partout des ruines, des sables, des écueils, un ciel gris et le bruissement triste ou terrible de la mer. Cambry exprime ainsi l'impression que lui a causée la côte de Penmarc'h : J'avais attendu le moment d'une tempête pour me rendre à Penmarc'h ; je fus bien servi par les éléments : la mer était dans un tel état de fureur que les habitants du pays, accoutumés à ce spectacle, quittaient leurs travaux pour la contempler. — Tout ce que j'ai vu dans de longs voyages, tout ce que j'ai décrit dans ce mémoire, la mer brisant sur les rochers d'Altavelle et les côtes de Fer, à Saint-Domingue, les longues lames du détroit de Gibraltar, une tempête qui combla sous mes yeux le port de Douvres, en 1787, la Méditerranée près d'Amalphy, rien ne m'a donné l'idée de l'Océan frappant les rochers de Penmarc'h. — Ces rochers noirs et séparés se prolongent jusqu'aux bornes de l'horizon. D'épais nuages de vapeurs roulent en tourbillons ; le ciel et la mer se confondent. Vous n'apercevez dans un sombre brouillard que d'énormes globes d'écume ; ils s'élèvent, se brisent, bondissent dans les airs, avec un bruit épouvantable ; on croit sentir trembler la terre. Vous fuyez machinalement : un étourdissement, une frayeur, un saisissement inexplicables s'emparent de toutes vos facultés ; les flots amoncelés menacent de tout engloutir ; vous n'êtes rassuré qu'en les voyant glisser sur le rivage et mourir à vos pieds, soumis aux lois de la nature et de l'invincible nécessité.» — Une telle côte était ou du moins dut être un lieu favorable au culte des druides ; aussi à chaque pas on rencontre, sur cette terre désolée, les traces de cette religion inconnue. Un dolmen détruit en 1820 avait vu passer l'industrieuse cité, et était resté debout jusqu'à cette époque, au milieu des maisons de Kérity. Un menhir est près de la chapelle de Notre-Dame-de-la-Joie. Deux menhirs fort beaux bordent la route de Pont l'Abbé, a son entrée dans le bourg de Penmarc'h; enfin un beau dolmen est derrière le manoir de Gouesnac'h, aujourd'hui converti en ferme. — De nos jours, on n'a pas tenté de rétablir à Penmarc'h une industrie à jamais perdue; mais du moins on a essayé de rendre cette côte moins terrible et moins périlleuse pour les marins. Un phare élevé près l'église Saint-Pierre, au hameau de Kérity par 47° 47' 53'' de latitude et 6° 42' 47'' de longitude, avertit les navigateurs des dangers qu'ils courent en cet endroit. Ce phare, du premier ordre est à 41 mètres au-dessus des plus hautes marées ; son feu tournant, à intervalle de demi-minute, se projette jusqu'à sept lieues marines.— Penmarch, avons-nous dit, est sous l'invocation de saint Nonna : c'est, dit-on, un pieux solitaire qui vécut sur un des îlots de ce rivage,qui porte encore son nom. Saint Nonna ne figure d'ailleurs dans aucun catalogue des saints romains, et même dans aucune liste des saints bretons : il dut sa canonisation plus à ses compatriotes qu'à la cour de Rome. — M. de Fréminville donne, dans ses Antiquités du Finistère, une inscription en caractères gothiques carrés, qu'il a déchiffrée sur les pierres du portail de l'église, et qui sert à confirmer en même temps sa création et sa dédicace. Voici cette inscription : « En Ion' (l'honneur) sainct Nonna, l'an mil CCCCCVIII fust fondée cette église, et la tour en l'an ......, dont était recteur Kerugon.» — Il y a chaque année six pardons en Penmarc'h ; les deux plus fréquentés sont ceux de l'église paroissiale et de Notre-Dame-de-la-Joie. — Les engrais de mer permettent à l'agriculteur de cette commune de récolter encore quelque blé ; mais, faute de renouveler les semences, la qualité de cette céréale va chaque jour en s'affaiblissant. Les engrais de mer sont au reste les seuls usités ; car ceux des animaux domestiques sont employés comme combustible. — A l'exception de quelques mûriers verts, on ne voit point d'arbres en celle commune ; les arbres à fruit sont inconnus, et il faut aller à plus de quatre lieues chercher les bois de construction. — Géologie : constitution granitique. — On parle le breton.